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Les mille et un visages de l’innovation (La Presse)

Des employés libres de faire ce qu’ils veulent? Dans le Groupe PCMS, c’est une réalité, une journée par mois.

«Nous avons décidé d’instaurer ces journées pour favoriser la créativité de nos travailleurs», explique Stéphane Poirier, président de cette PME qui conçoit et intègre des solutions logicielles de gestion des ressources humaines dans les grandes entreprises.

Les 35 employés de la boîte de Montréal peuvent donc donner libre cours à leur imagination en ce qui a trait aux logiciels et présenter le résultat de leur cogitation à leur patron. Et les résultats se font sentir. «Nos prochains produits à sortir sur le marché ont été créés grâce aux idées de nos employés durant ces jours LAB», assure Stéphane Poirier.

Une solution bien accueillie par Jean-François Ouellet, professeur de marketing à HEC Montréal.

«Avec la production de masse et la mondialisation, il y a énormément plus d’offre que de demande. Et pour un bon produit, on a besoin de 3000 idées. Plus les employés d’une entreprise sont mis à contribution, plus l’environnement est propice à l’innovation», estime-t-il.

Marketing

Les Crevettes du Nord Atlantique prendront bientôt le virage 2.0!

L’entreprise de Gaspé installera en effet de nouveaux affichages numériques dans les supermarchés où ses produits sont disponibles. Collés à même la porte des frigos ou des congélateurs, ceux-ci permettront aux consommateurs intéressés d’en apprendre plus sur les crevettes et autres produits de la compagnie qui emploie 150 personnes.

L’entreprise a récemment reçu les conseils de Génération Inc. (l’émission, diffusée à V, aide les entreprises du Québec à développer leur plein potentiel).

«C’est un tout nouveau produit que j’ai conseillé aux Crevettes du Nord Atlantique», explique Sigrid Ellefsen, directrice régionale des ventes, marché d’affaires chez Telus et experte à Génération Inc.

«Le film transparent diffuse des photos et des vidéos en plus de pouvoir afficher des graphiques. Sa dynamique attire tout de suite le regard du consommateur», assure cette dernière. Une façon de rejoindre rapidement les clients là où ça compte.

Pour Jean-François Ouellet, le marketing mobile est aussi un aspect primordial pour les entreprises: «les gens consultent de plus en plus le Web avec leur téléphone ou leur tablette. Ils faut rejoindre les clients partout.»

Ventes

On le sait, les nouvelles technologies sont une voie intéressante pour les PME qui veulent innover. «Avec les tablettes, l’information est disponible en tout temps. Le bureau du futur, c’est en fait le bureau du présent», estime Sigrid Ellefsen.

Les propriétaires du restaurant iBurger de Montréal semblent l’avoir bien compris. Le concept d’Alexandre Maher, de Jonathan Cyr et de Frank Roche est simple: tout repas peut être commandé sur l’écran tactile interactif qui recouvre chacune des tables de l’établissement.

Chaque mets peut aussi être modifié selon les préférences des clients. Une innovation qui facilite et améliore les commandes, même si le menu, lui, reste traditionnel.

Selon les événements, des images ou des publicités ciblées peuvent être intégrées au logiciel.

Jean-François Ouellet conseille pour sa part aux entrepreneurs d’intégrer la notion de satisfaction de la clientèle dans leur processus de vente. «La rétribution des vendeurs de certaines entreprises est établie en partie selon le degré de satisfaction des clients à leur égard, explique-t-il. C’est ce que l’on appelle en anglais le customer advocacy.»

Il cite en exemple Bélair Direct. La compagnie d’assurances offre un outil sur son site web pour comparer le prix des polices d’assurance de ses compétiteurs avec le sien. «Ils ont réalisé que même s’ils n’offrent pas toujours le prix le plus alléchant, les clients restent en raison de leur franchise», précise-t-il.

Course effrénée

«Les PME du Québec souffrent du phénomène de la Reine Rouge (le personnage d’Alice au pays des merveilles qui courait pour rester à la même place), estime Jean-François Ouellet. Elles doivent faire beaucoup d’efforts uniquement pour ne pas se faire dépasser. Si elles veulent concurrencer les grandes entreprises par contre, elles devront réussir à courir plus vite qu’elles.» De là le besoin d’innover.

L’OPINION D’ALAIN LEMAIRE

L’innovation doit concerner toute l’organisation. Elle peut bénéficier à tous les secteurs, que ce soit la production, l’administration ou le marketing. L’innovation n’est pas l’affaire d’un seul responsable, d’une seule équipe, d’un expert ou d’un centre de recherche. Les connaissances et les expériences deviennent complémentaires, ce qui mène à la concrétisation d’un projet commun.

Chez nous, l’innovation a toujours été une valeur sous-jacente, parce qu’on a toujours cru que nos employés devaient être autonomes, responsables, imputables et qu’ils devaient démontrer de l’initiative et agir comme si l’entreprise leur appartenait. La responsabilité peut stimuler la créativité. On dit que la nécessité est mère de l’invention. Mais il faut donner à nos gens le droit à l’erreur. Autrement, personne ne va oser. Puis il faut reconnaître les bons coups, les récompenser.