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Une firme de génie… sans patron

Habitation, alimentation, finance : les coopératives s’activent dans une panoplie de domaines, y compris l’ingénierie. Après six ans d’existence, ALTE fait face à de nouveaux défis. En plus de gérer la croissance, l’entreprise veut grossir ses rangs et tisser des liens avec d’autres organismes. Portrait d’une entreprise qui n’a pas de patron.

ALTE, c’est l’histoire de huit finissants en génie qui ne trouvaient pas leur place sur le marché du travail, qui avaient envie de donner un sens à leur boulot.

« Avec d’autres ingénieurs qui se posaient aussi des questions, on a décidé de créer notre propre espace de travail, où on pourrait choisir des projets qui nous correspondent, décider où l’argent allait aller et œuvrer à quelque chose de plus grand », raconte Abrielle Sirois-Cournoyer. C’est ainsi que la première coopérative en ingénierie québécoise est née, en 2017.

Aujourd’hui, celle-ci regroupe 15 membres, dont une demi-douzaine à temps plein. Les valeurs et la vision de l’organisation de même que l’envie de faire une différence unissent fortement l’équipe. « On est des amis, en fait. On a du plaisir ensemble. C’est précieux. »

Essentielle flexibilité

Contrairement à une firme d’ingénierie traditionnelle, ALTE ne compte pas de dirigeant. « On a créé un système de gouvernance horizontale. On n’a pas de patron, plutôt des comités de travail. Beaucoup de décisions sont prises ensemble. Ça nous rend très résilients, très flexibles aussi », estime Abrielle Sirois-Cournoyer.

Cette flexibilité s’exprime également dans les horaires. Les employés consacrent le temps qu’ils désirent à l’organisation. « Pour être considéré comme à temps plein, on doit faire 20 heures par semaine ou plus. La moyenne est de 30 heures par semaine », précise l’ingénieure.

ALTE n’a pas attendu la pandémie pour adopter le mode de travail hybride.

On a un bureau à Montréal et un autre en région, à Saint-Adrien. On travaille souvent à distance, et ce, depuis le début. Par contre, on se rencontre souvent. C’est important pour nourrir la cohésion d’équipe.

La formule a permis d’intégrer récemment un nouveau membre établi en Amérique du Sud. « C’est une première pour nous ! C’était un bon fit. Ses valeurs nous rejoignaient, alors on a décidé de foncer. »

Des projets qui leur ressemblent

On s’en doute, une coopérative d’ingénieurs ne planche pas sur les mêmes projets qu’un géant comme SNC-Lavalin. Depuis sa fondation, ALTE accompagne ses clients dans la conception de maisons écologiques, de serres ou de coopératives d’habitation. Elle peut également inspecter la structure, faire la surveillance de chantier et évaluer l’efficacité énergétique d’un bâtiment. Un volet formation pourrait éventuellement s’ajouter.

« Nos clients ont une vision un peu alternative, comme nous, croit Abrielle Sirois-Cournoyer. On comprend leurs besoins et leur réalité, on travaille souvent en cocréation, on communique avec eux. Cette notion de transparence amène beaucoup de confiance de la part de nos clients. »

La coopérative a récemment terminé ce qu’elle appelle l’habitation de l’avenir. Avec l’entrepreneur général Gestion Édition, les ingénieurs ont imaginé un modèle de maison écologique qui consomme 50 % moins d’énergie que si elle était construite selon les normes minimales du Code du bâtiment.

ALTE accumule les projets, mais aussi les défis. « On est en grande gestion de la croissance en ce moment. On est de plus en plus recherchés, alors on aura besoin de trois ou quatre nouvelles personnes cette année. Il faudra garder la cohésion de l’équipe et structurer notre vision », remarque Abrielle Sirois-Cournoyer.

La bande jongle en outre avec l’idée de créer un consortium en immobilier collectif, en collaboration avec des architectes et d’autres acteurs de l’économie sociale. « On voit qu’il y a un besoin. Mais on ne veut pas aller trop vite. On avance un pas à la fois. »

Article publié dans La Presse.